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l'empire du milieu de rien
22 juin 2009

SARKO,BALLADUR et le Pakistan.....

SUR MEDIAPART Karachi: dès 2002, la DGSE a mené une opération de «représailles» contre des militaires pakistanais Par Fabrice ArfiFabrice Lhomme Ce qui apparaît comme l'un des plus lourds secrets de la République est en train d'éclater au grand jour. Selon des informations recueillies par Mediapart auprès de plusieurs sources, les services secrets français ont mené en 2002 une opération de représailles contre des militaires pakistanais pouvant être impliqués dans l'attentat de Karachi. Ce dernier fit, le 8 mai 2002, quatorze morts dont onze Français, employés de la Direction des chantiers navals (DCN). L'opération de représailles a été le fait du service «Action» de la Direction générale des services extérieurs (DGSE). Si ces informations devaient être définitivement validées par l'enquête judiciaire en cours, elles viendront solidement asseoir la thèse selon laquelle les commanditaires de l'attentat n'étaient pas des islamistes liés à la mouvance Al-Qaïda, comme cela a été longtemps invoqué par les autorités françaises et pakistanaises. De nombreux éléments tendent aujourd'hui à démontrer que l'attentat serait en réalité une manipulation de l'Etat pakistanais et de ses services secrets, l'ISI, visant à punir l'Etat français, coupable d'avoir suspendu le versement de commissions et de rétro-commissions occultes en marge d'un contrat d'armement datant de 1994. C'est désormais la piste principale qu'ont décidé de suivre les juges d'instruction antiterroristes en charge de l'enquête. Selon plusieurs éléments versés au dossier, dont un rapport de renseignement interne à la DCN, rédigé en septembre 2002 par un ancien agent de la DST, Claude Thévenet, la vente par le gouvernement d'Edouard Balladur au Pakistan de trois sous-marins Agosta pour 5,5 milliards de francs était assortie de promesses de versement de commissions à plusieurs dignitaires pakistanais. Mais également de rétro-commissions destinées à financer en retour, en 1995, la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, campagne dont le directeur était Nicolas Sarkozy. Or, sitôt élu à l'Elysée, Jacques Chirac, ennemi politique de MM. Balladur et Sarkozy, a suspendu le versement d'une partie de ces commissions – 180 millions de francs au total –, comme il en avait fait la demande au nouveau ministre de la défense de l'époque, Charles Millon. Ce qu'avait d'ailleurs confirmé le rapport du conseiller d'Etat Jean-Louis Moynot en février 2000, comme le rapportait Le Monde de l'époque (voir sous l'onglet Prolonger). Longtemps employé par la DCN (rebaptisée DCNS) pour remplir des missions parallèles de renseignements, l'ex-espion Claude Thévenet a expliqué, le 14 mai, dans le bureau du juge antiterroriste Marc Trévidic, que la DGSE a mené une opération de représailles auprès d'officiels pakistanais. Cette information avait déjà été livrée à Mediapart ces dernières semaines par plusieurs sources issues des milieux judiciaires et du renseignement français. Plusieurs d'entre elles ont indiqué qu'il s'était agi pour les services secrets de «casser des genoux» et non de tuer, comme peuvent parfois le faire des commandos spécialisés de la DGSE lors d'opérations baptisées «homo» (homicide). Les «cibles» des services français auraient été des militaires pakistanais. Des «avertissements» en février 2002 Ces actions de représailles physiques de la DGSE (photo de son siège à Paris) auraient eu lieu peu après l'explosion du bus transportant les employés de la DCN. Toutefois, devant le juge, M. Thévenet a évoqué deux périodes possibles. L'opération a certes pu être menée après l'attentat, survenu trois jours après la réélection de Jacques Chirac à l'Elysée. Mais peut-être aussi un peu avant l'attentat, puisque la France avait déjà été destinataire, en février 2002, d'un «avertissement» des autorités pakistanaises, comme l'a écrit Claude Thévenet dans un rapport de renseignements interne baptisé «Nautilus». On peut en effet lire dans «Nautilus», découvert par hasard par des policiers lors d'une perquisition à la DCN dans le cadre d'une autre affaire, que l'attentat de Karachi «suit plusieurs avertissements adressés localement au personnel diplomatique en charge de l'armement». «Il s'agit notamment d'une bombe placée sous le véhicule de l'épouse d'un fonctionnaire, au mois de février 2002, sans que le détonateur ait été préalablement actionné», assure le document, révélé par Mediapart en septembre 2008. Jacques Chirac s'inclinant devant les cercueils des victimes de l'attentat de Karachi. Le rapport «Nautilus», qui se base sur des sources multiples (contacts au Pakistan, enquêteurs des Nations unies, agents des services secrets britanniques et français, membres du Foreign Office...), indique également que «la déflagration du bus conduisant les agents de la DCN est le résultat d'une planification militaire». Et de conclure: «Nous avons pu confirmer, par des sources judiciaires et diplomatiques locales, que les dégâts occasionnés résultent du placement d'une mine magnétique sur le bus, à l'endroit précis où la camionnette contenant des explosifs s'est collée au bus. Ce modus operandi plaide pour une participation des correspondants du bureau afghan de l'ISI. Ce dernier, lâché par le pouvoir politique depuis janvier 2002, recherche ses propres modes de financement et a entrepris de reprendre les "dossiers impayés".» D'ailleurs, la justice pakistanaise a récemment acquitté deux hommes condamnés à mort en 2003 pour leur participation supposée à cette action terroriste, rapidement imputée par les services pakistanais à un groupe proche d'Al-Qaïda, l'Harkatul Moudjahidine al Aalmi. Mais d'autres éléments permettent aujourd'hui de penser que l'attentat de Karachi n'est pas l'œuvre d'islamistes. Ainsi, l'acte n'a jamais été revendiqué. D'autre part, le quoditien Libération a révélé le 18 juin qu'un lot de photographies de l'attentat prises par un fonctionnaire américain, Randall Bennett, chef du service de sécurité diplomatique au Pakistan, avait été détruit «sur injonction de la justice française». Les clichés pris par M. Bennett, qui se trouvait près de l'hôtel Sheraton aux abords duquel le bus de la DCN a explosé, avaient été confiés au consulat général de France à Karachi le 16 mai 2002. En vain. Pour certaines victimes de l'attentat, la France cache depuis plusieurs années un secret d'Etat. Joint par Mediapart, Gilles Sanson, un employé de la DCN qui a survécu à l'attentat, s'insurge contre le fait que «l'Etat français a délibérément étouffé cette affaire». «Tout cela est parfaitement clair. Comment expliquez-vous sinon que le rapport "Nautilus", qui date de 2002, n'ait été versé au dossier qu'en 2009, tout ça parce qu'il a été découvert par hasard par des policiers ? C'est hallucinant ! Je rappelle que la DCN est une entreprise étatique.» Les démentis de Nicolas Sarkozy Jeudi 18 juin, l'ex-espion Claude Thévenet a révélé à Mediapart avoir été chargé du dossier «Nautilus» «par les instances dirigeantes de la DCN afin de recouper un certain nombre d'informations parce que la DCN avait peur que les services officiels, comme la DGSE ou la DST, lui livrent des informations inexactes ou tronquées sur ce qui s'est réellement passé au Pakistan». Son rapport avait notamment établi que l'annulation du versement des commissions voulue par M. Chirac visait «à assécher les réseaux de financement occultes de l'Association pour la Réforme d'Edouard Balladur». Il assurait également que l'un des intermédiaires de la vente de sous-marins au Pakistan, l'homme d'affaires libanais Abdul Rahman El-Assir (photo), un proche de l'actuel président pakistanais Asif Ali Zardari, était chargé «d'assurer le financement de la campagne d'Edouard Balladur», dirigée par Nicolas Sarkozy. Ministre du budget du gouvernement Balladur entre 1993 et 1995, Nicolas Sarkozy a du coup vu son nom cité dans un rapport de police de mars 2007. Les enquêteurs, qui travaillent sur une affaire de corruption au sein de la DCN, indiquent qu'en tant que ministre du budget Nicolas Sarkozy avait avalisé la création des sociétés implantées au Luxembourg, Heine et Eurolux, qui avaient notamment pour vocation d'abriter les commissions occultes versées à la faveur des principaux contrats d'armement de la DCN. Tous ces éléments expliquent la grande fébrilité des conseillers du chef de l'Etat. Ils suivent minutieusement l'avancée des deux enquêtes (financière et antiterroriste) concernant la DCN. Interrogé vendredi 19 juin, en marge du conseil européen à Bruxelles, Nicolas Sarkozy a jugé «grotesques» les informations publiées sur les mobiles cachés de l'attentat de Karachi. Dans sa réponse quelque peu chaotique, le chef de l'Etat a indiqué aux journalistes présents: «Qui peut croire à une fable pareille? Et puis si vous avez des éléments, donnez-les à la justice et demandez à la justice qu'ils enquêtent. Mais enfin franchement qu'est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus. Mais, honnêtement, qu'est-ce que vous voulez que je réponde là-dessus? Y a 14 ans, de surcroît. On est dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d'Etat n'existe plus. 14 ans après vous venez me poser la question: "Est-ce que vous êtes au courant de rétro-commissions qui auraient pas été versées à des Pakistanais dans le cadre de la campagne de Monsieur Balladur".» «Je suis très fâchée et même en colère contre Nicolas Sarkozy», a réagi Sandrine Leclerc, qui a perdu son père dans l'attentat de Karachi. «Il a refusé de nous voir récemment en disant que l'enquête était en cours, alors qu'il reçoit dans d'autres dossiers des victimes. Et là, il nous parle d'une "fable", alors que l'enquête sur cette nouvelle piste ne fait que commencer. C'est incroyable! Je comprends qu'il veuille supprimer les juges d'instruction...», a ajouté Sandrine Leclerc, jointe par Mediapart vendredi après-midi. Furieuse, Mme Leclerc dit comprendre «parfaitement la vraie raison pour laquelle M. Sarkozy refuse de nous recevoir : il serait bien embêté par nos questions. Alors, oui, nous, les proches de victimes, sommes tous très fâchés, mais pas surpris. Depuis sept ans, on essaie de nous faire passer pour des dingues... Notre sentiment, c'est que depuis le début, l'Etat français sait que la piste islamiste est bidon et que celle des rétro-commissions et des règlements de comptes entre chiraquiens et balladuriens est la bonne». Sollicités vendredi après-midi, ni Jacques Chirac ni la DGSE n'ont pu être joints pour donner leur version des faits sur cette affaire qui prend de plus en plus des allures de scandale d'Etat. De leur côté, deux parlementaires de la région de Cherbourg, le député-maire PS Bernard Cazeneuve et le sénateur PS Jean-Pierre Godefroy, ont demandé la création de missions d'information parlementaires sur cette affaire. Lire Aussi Attentat de Karachi: les révélations d'un ancien des services secrets Les mystères de l'attentat de Karachi remontent à l'Elysée Ventes d'armes: la corruption au cœur de la République123 LA SUITE : http://www.mediapart.fr/article/offert/75ed7128b66f5fbcae11f824b9297278
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